Le dernier kilomètre : comment réduire son impact écologique ?
La livraison du dernier kilomètre désigne la dernière étape du processus de livraison, c’est-à-dire le trajet final parcouru pour acheminer un produit depuis un centre de distribution ou un point de stockage jusqu’à l’adresse du client final.
Selon le communiqué de Presse de FEVAD (Fédération e-commerce et vente à distance) du 12 décembre 2023, la France est le 2ème pays Européen d’e-commerce avec 146.9 milliards d’€ de chiffre d’affaire en 2023 en croissance de 13.8% par rapport à 2022. Le e-commerce représente 12.4% du commerce hexagonale avec 2.3 milliards de transactions en ligne en 2022, en croissance de 6.5% par rapport à 2021 (+30.7% par rapport à 2019).
Le contexte de la crise sanitaire et le développement du e-commerce ont accéléré le recours aux achats sur Internet. L’évolution des attentes des consommateurs ont évolués, ils sont de plus en plus exigeant dans les conditions de livraison (à domicile, livraison en 24h). Ces comportements d’achat ont un impact direct sur l’environnement, et particulièrement le dernier kilomètre qui est à l’origine de 30% des émissions de CO2. Le dernier kilomètre est l’étape la plus coûteuse, tant sur le plan économique qu’environnemental. Les pouvoirs publics ont pris conscience de l’urgence climatique qui est en jeu et commence petit à petit à mettre en place des dispositifs afin de désengorger les agglomérations : les villes de Paris, Lyon, Grenoble, Toulouse … ont mis en place les vignettes Crit’air. Les entreprises doivent elles aussi s’adapter à ce nouveau mode de consommation afin de décarboner les villes en trouvant des alternatives plus écologiques, plus économiques et plus efficaces.
1- Réduction du vide dans les emballages
Qui n’a jamais reçu un produit dans un contenant à moitié vide ? L’espace inutilisé à l’intérieur d’un colis a un impact néfaste sur l’environnement pour plusieurs raisons :
Surconsommation de matériaux d’emballage : lorsque des emballages sont surdimensionnées, il faut utiliser plus de carton, de plastique ou de rembourrage (papier bulle, polystyrène, ect.) pour combler les espaces vides. Cela entraîne une surconsommation de ressources, qui nécessite plus d’énergie pour la production et génère davantage de déchets
Augmentation du volume de transport : les colis qui contiennent beaucoup de vide prennent plus de place dans les véhicules de livraison, ce qui réduit la quantité totale de colis qu’un seul véhicule peut transporter. Cela augmente le nombre de trajet ou le besoin de véhicules supplémentaires pour effectuer les livraisons, ce qui accroît les émissions de gaz à effet de serre
2- Utilisation de véhicules à faible émission
Baisse des émissions de CO2 : contrairement aux véhicules thermiques (essence ou diesel), les véhicules électriques n’émettent pas de CO2 ou de particules fines lorsqu’ils roulent. Cela réduit directement la pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre locales, en particulier dans les zones urbaines où la densité de circulation est élevée. Ces véhicules sont encore plus verts lorsqu’ils sont chargés avec de l’électricité issue de sources renouvelables (éolien, solaire, hydraulique), leur empreinte carbone devient encore plus faible car ils éliminent les émissions liées à la combustion de carburants fossiles
Moins de pollution sonore : même si cela n’affecte pas directement les GES, les véhicules électriques contribuent également à une meilleure qualité de vie en réduisant la pollution sonore. Les véhicules électriques sont beaucoup plus silencieux, ce qui est un avantage surtout en milieu urbain
3- Livraison collaborative et mutualisation
Mutualisation : la mutualisation des livraisons consiste à regrouper les colis de plusieurs entreprises ou clients dans un seul véhicule, plutôt que d’utiliser plusieurs véhicules pour des livraisons individuelles. Cela diminue le nombre de camions ou de véhicules de livraison circulant, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air. En mutualisant les livraisons, les véhicules de transport sont mieux remplis, ce qui améliore leur efficacité énergétique. Un véhicule plein consomme moins d’énergie par colis livré qu’un véhicule à moitié vide, réduisant ainsi l’empreinte carbone par unité transportée
La livraison collaborative : permet d’optimiser les itinéraires en regroupant les livraisons à destination de zones géographiques proches. Cela réduit le nombre de kilomètres parcourus et le temps passé sur la route, ce qui limite la consommation de carburant et donc les émissions de pollution. La livraison collaborative permet aussi de réduire les trajets à vide, qui surviennent lorsque des véhicules reviennent sans cargaison après avoir effectué une livraison. En partageant les ressources, il est plus facile de coordonner les trajets pour qu’ils soient optimisés à l’aller comme au retour, ce qui diminue la consommation inutile de carburant
Livraison en point de collecte : au lieu de livrer directement le colis au domicile du client, les entreprises peuvent proposer des points relais ou casiers automatique (click and collect) où les clients récupèrent leurs colis. Cela permet de réduire le nombre de trajets individuels et de concentrer les livraisons à des points spécifiques, réduisant ainsi l’empreinte carbone du dernier kilomètre
Moins de véhicules de livraison sur la route réduisent également la congestion du trafic, notamment en ville, ce qui diminue les émissions liées aux embouteillages, où les moteurs tournent souvent au ralenti. Moins de congestion signifie également des livraisons plus rapides et efficaces.
4- Optimisation des itinéraires et des horaires
L’optimisation des tournées de livraison : utiliser des logiciels d’optimisation de routes permet de réduire les distances parcourues et d’éviter les embouteillages, réduisant ainsi les émissions de CO2. Ces outils prennent en compte les conditions de circulation, les contraintes géographiques et les horaires de livraison afin de définir le trajet le plus court et le moins polluant
Livraison en dehors des heures de pointe : planifier les livraisons dès lors du possible, à des moments où la circulation est plus fluide (par exemple, tôt le matin ou tard le soir) permet de réduire les émissions liées aux embouteillages et de rendre les livraisons plus efficaces
5- Encourager la livraison à pied ou à vélo
Livraison à pied ou à vélo : dans les centres-villes où les distances sont relativement courtes, les livraisons peuvent être effectuées à pieds ou à vélo. Cela élimine totalement les émissions de CO2 associés au transport et réduit la congestion urbaine
Micro-hubs de proximité : les entreprises peuvent installer des micro entrepôts (ou micro-hubs) à proximité des zones urbaines denses, permettant aux livreurs à pieds ou à vélo de prendre en charge les derniers kilomètres. Ils permettent d’organiser des livraisons plus efficaces et moins gourmandes en énergie
Aujourd’hui l’environnement est au cœur des préoccupations, notamment dans le secteur du transport qui représente près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. L’impact du dernier kilomètre est catastrophique pour l’environnement, mais en adoptant des solutions durables comme celles recensées dans cet article, il est possible de concilier croissance économique, compétitivité et préservation de l’environnement.
L’un des acteurs clés dans la décarbonisation des villes est aussi le consommateur. En effet, en ayant un mode de consommation plus responsable et durable, comme par exemple en achetant des produits de seconde mains ou reconditionnés, en anticipant ses achats, en sélectionnant des produits plus respectueux de l’environnement ou en pratiquant le click and collect au lieu de la livraison à domicile, il peut clairement contribuer à la baisse des gaz à effet de serre.